samedi 27 octobre 2012

Quand fleurit le désert australien

J'ai peut être raté Hopper au Grand Palais mais pas cette magnifique exposition d'art aborigène australien!!!

Pour les néophytes dont je suis, l'art aborigène, c'est une explosion de couleurs, une invitation au voyage, un hymne à la nature, l'expression vibrante d'une tradition ancestrale.  Mais on sent qu'on n'a accès uniquement à la surface des choses, les codes nous échappent...
Cette aura de mystère rend le beau encore plus beau...
C'est l'histoire du "TEMPS DU REVE" que peint l'artiste.


Le "temps du rêve", c'est le temps sacré des origines du monde où des ancêtres totémiques mi-animaux mi-dieux prirent la route, créant et façonnant les paysages et les êtres sur leur passage.
Sans chronologie, il unit le passé, le présent et le futur, comme un espace-temps parallèle au notre (le temps profane). C'est une autre réalité.                                                                             
Les aborigènes peuvent le contacter dans les lieux sacrés, lors de cérémonies ou quand ils peignent pour communiquer avec l'esprit de leurs ancêtres.                                                        

Petit retour en arrière: je vais essayer d'expliquer ce que j'ai compris sans être trop rasoir... Mais je ne promets rien :) 


Lorsque les ancêtres ont vu le monde des origines si triste, si plat, ils ont désiré l'embellir et ont commencé à le parcourir de toute part en chantant. De leurs chants et de leurs actions naissaient le paysage (relief, eau, lacs, rivières, étoiles...) et tous les êtres vivants.

Ces pérégrinations ont donné vie à des légendes que les aborigènes se sont transmis par le chant, la danse et la peinture, de génération en génération depuis près de 30000 ans!!…C'est un peu comme si l'art pariétal de Lascaux était toujours vivant et vivace au XXIe  siècle!

En parcourant la terre, les ancêtres ont créé des itinéraires décrits par la tradition orale et révélés lors des rites d'initiations. Ainsi, chaque groupe aborigène est attaché à un ou plusieurs récits de création appelés "rêves", qui concernent leur terre d'habitation qu'ils lisent comme un livre en interprétant les traits du paysage comme des traces vivantes de leurs ancêtres. 
Les peintures représentent donc des cartes stylisées vue du ciel


Le lien à la terre est très fort: dès sa naissance, chaque individu devient le gardien de son lieu de naissance, des rites et des mythes attachés à cette terre. 
Ainsi, exiler un Aborigène de sa terre revient à briser son lien avec le "Temps du Rêve", à l’anéantir spirituellement.



Les toiles ne sont jamais signées. Même si l'auteur est connu, il estime qu'il n'est pas propriétaire de son oeuvre, mais que celle-ci appartient à toute sa communauté.



Chaque symbole renvoie à une codification esthétique précise. Certains signes ont même des significations cachées qui ne peuvent être dévoilées qu’avec l’accord de son gardien-dépositaire. 
Cependant certains signes courants ont des valeurs à peu près communes. 
Ils figurent les campements, points d’eau ou grottes, les chemins, des personnages, des traces d’animaux ( rarement les animaux eux-mêmes), les plantes et les astres, l’espace entre chacun d’eux est comblé par des points ou bandes de couleurs.



Alors, que voyez-vous maintenant?

Pendant longtemps, les peintures aborigènes étaient éphémères (sur le corps, sur l’écorce ou sur le sol) et il était interdit de les montrer aux profanes. La peinture sur toile n'a fait son apparition qu'en 1971!! Dans un contexte de revendications identitaires, comme un instinct de survie...C'était une manière de diffuser la culture aborigène en péril jusque dans les salons de l'occidental colonisateur.

Au final, mouvement pictural récent, certes, mais qui n'a pas troqué sa "vieille âme" contre quelques dollars: 

Même si elles utilisent des matériaux contemporains, ces peintures perpétuent la technique ancestrale des points, des bandes de couleurs et prennent toujours leur source dans la longue initiation des jeunes.                                                                                                                             Le temps du rêve n'est pas mort.


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